L'autruche....

Publié le par Letrèfle

Un jour,


J’ai fait la course avec une autruche… J’ai dû raconter cette histoire une bonne trentaine de fois, à chaque fois rajoutant davantage pour faire rire souvent le même auditoire exigeant une hilarité dictatoriale par mes mimiques ridicules. A l’écrit, être drôle, c’est une autre paire de manches…

C’était il y  a un paquet de temps, très loin sur un autre continent. Je faisais alors un autre métier, bien plus passionnant qu’aujourd’hui... A force d’avoir raconté cette histoire, la première fois à mes enfants pour les endormir, faute de livres, c’est un peu comme si c’était hier…


Je sors de l’aéroport et je m’engage prudemment sur le carrefour. Il fait chaud et les fenêtres de ma 4L sont ouvertes malgré les risques de pickpocket. De toute façon, je n’en ai pas pour long, juste une grande ligne droite de trois cents mètres et j’arrive au camp. Seulement, au milieu du carrefour se tient cet animal à plumes, majestueusement ridicule, fièrement dressé sur ses ergots, toisant jusqu’au cou tout ce qui passe autour de lui. Au milieu de la route chaotique, même là où on est, il est peu courant de voir une autruche. Assis dans ma 4L, à peine plus haut que le niveau du sol, elle a de quoi m’examiner de dédain. Je la contourne prudemment en première, pour éviter de l’effrayer et je roule au pas quelques mètres. L’autruche marche à côté de moi sur le début de la ligne droite, se baissant pour m’observer, ouvrant tantôt le bec comme pour me dire quelque chose et écarquillant parfois ses yeux énormes et globuleux ; je ne peux m’empêcher de la regarder aussi avec étonnement, à droite de ma voiture et je me mets un peu plus au milieu de la route, le temps d’accélérer et de la laisser sur place.


Je passe rapidement la deuxième vitesse du levier sur le tableau de bord et fait rugir le moteur surpuissant de ma 4L, l’autruche attaque de grandes enjambées tranquilles pour rester à côté de moi, c’est comme si elle pédalait en touchant à peine la piste, nous gardons tous deux un œil sur la route, le sien étant vraiment balèze et je ne peux me laisser gratter par une vulgaire grosse poule, je passe la troisième puis la quatrième et je mets le pied au plancher, la volaille géante roule de grands yeux et tout en étant penchée pour continuer de me mater en tentant la première communication humano-autruchienne, elle court telle un Carl Lewis à plumes  à côté de mon bolide qui pousse à 45km/h, je suis désemparé et partagé, de peur de lui faire du mal en la renversant comme de me retrouver à perdre la course du siècle surréaliste alors que le rond point approche et derrière lui, l’entrée de la caserne, je ne peux traverser le rond point et l’avion qui trône en son milieu et il va bien falloir ralentir alors que je suis impressionné par ses jambes si fuselées et élancées, capables de tenir la vitesse, je dois freiner et stopper finalement ma formule 4 devant l’entrée et face à un garde armé visiblement interloqué.


Je reprends mon souffle. Ma compagne de course est droite comme un I. ses poumons ou ce qui doit y ressembler ne trahissent aucun essoufflement alors que je sens mon cœur palpiter comme si j’avais dû fournir un effort violent. La sentinelle contourne prudemment le véhicule et arrive à ma hauteur, à l’opposé de l’autruche avec son air très suffisant. Tout en la regardant, le soldat me salue et me demande avec son fort accent des pays de l’Est….


« Heu…. Vous êtes ensemble ? »

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L
C'était Carl Lewis et pas une autruche.<br /> C'est moche la drogue!
Répondre
L
<br /> pff!<br /> <br /> <br />